LES ÉCHAPPÉS

L’histoire de la carte-photo dédiée à la correspondance est intimement liée aux origines de la photographie documentaire. Depuis la séparation entre le recto et le verso du support, les photographes ont ainsi pour mission d’illustrer le pittoresque pour le faire voyager. Les scènes de foule sont rares compte tenu des temps de pause et la plupart du temps les images montrent des rues vides, des bâtiments isolés, des paysages silencieux. Il apparaît parfois, au hasard d'une lumière prometteuse, quelques silhouettes de personnes dans le décor. Mais elles sont généralement loin, hors du cadre et du sujet principal. Ce sont des personnages d'arrière plan, souvent perdus dans le fond des images, tapis dans l’ombre, bien souvent immobiles. Ce sont ces détails de l'image que j'agrandi cent fois pour en retrouver les traits, un semblant de vie, une trace. Ce sont les “échappés” du temps de la petite histoire. Les témoins anonymes des premiers pas de la photographie.

Tirages jet d’encre pigmentaire mat, 30 x 40 cm.